Zal Karkaria, agent des visas, donne un aperçu de ce qui se passe au centre des opérations à Amman

Pour l'instant, l'un des plus importants bureaux canadiens des visas à l'étranger exerce ses activités dans le hangar à avions d'un aéroport obscur, aux abords d'Amman, la capitale de la Jordanie. À quelques mètres de l'endroit où se déroulent les entrevues, des avions de toutes tailles décollent et atterrissent régulièrement. Le rugissement des moteurs étouffe les différents bruits à l'intérieur du hangar : les pleurs de bébés, les cris des enfants, les bips sonores des numériseurs, les outils des ouvriers et les voix de centaines de personnes – agents des visas, interprètes, soldats, médecins, remplisseurs de formulaires, placeurs, concierges, gardiennes d'enfants, agents de contrôle de sécurité et, bien entendu, réfugiés. La scène est à la fois surréaliste et inspirante, témoignant du dévouement des employés et de la vision des personnes ayant mis sur pied le bureau des visas dans ce lieu insolite.

Chaque matin, six jours par semaine (le vendredi est jour de congé), une équipe d'employés canadiens embarquent à bord de minifourgonnettes qui les mèneront vers le site. La température à ce moment de la journée se situe entre 1 et 9 degrés Celsius, et le hangar demeure relativement froid jusqu'à ce que les dispositifs de chauffage se mettent en marche un peu plus tard au courant de la journée.

Diverses stations ont été établies afin de soumettre les réfugiés à toutes les étapes du traitement en un seul endroit, et ce, le plus rapidement possible. On retrouve des stations réservées au remplissage de formulaires, à la collecte des données biométriques, aux entrevues et aux examens médicaux. Des membres des Forces armées canadiennes (FAC), portant parfois leur uniforme et parfois des vêtements civils, selon les consignes reçues, agissent en tant que placeurs, guidant les clients de station en station, tenant leurs documents dans des pochettes en plastique transparentes. En outre, les membres des FAC recueillent les données biométriques et participent à l'entrée de données. Ils s'emploient également à divertir les réfugiés qui attendent patiemment le moment de leur entrevue, jouant avec les enfants et faisant des démonstrations de force, lesquelles se terminent souvent sous un tonnerre d'applaudissements. Leur contribution a été inestimable pour ce qui est de s'assurer que les opérations se déroulent de façon efficace et sécuritaire, et leur présence est grandement appréciée du personnel d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

La collaboration des partenaires en matière de sécurité s'est avérée excellente. Ces derniers dirigent l'unité d'évaluation des cas où, avec l'aide d'employés à l'œil aiguisé recrutés auprès de l'ambassade, ils vérifient les documents, procèdent au contrôle des demandeurs et signalent tout problème potentiel aux agents des visas. Ils ont contribué à corriger d'innombrables erreurs dans l'orthographe de noms et les dates de naissance au fil de leurs vérifications.

Les entrevues se déroulent dans des kiosques où des familles de six, sept, huit personnes et même plus s'entassent autour d'une petite table, directement devant les agents des visas. Les enfants bâillent et s'ennuient, s'endormant dans les positions les plus inusitées, alors que les parents et enfants plus âgés s'agitent nerveusement alors qu'ils répondent aux questions. Leurs histoires deviennent rapidement familières. Les bombardements ont fait en sorte qu'il leur était impossible de travailler ou d'envoyer les enfants à l'école; ces mêmes enfants sont terrifiés par les explosions autour d'eux.

Les décisions positives sont accueillies de diverses façons par les clients : des sourires timides et des larmes silencieuses témoignant d'émotions mixtes – joie, soulagement – perplexité, incertitude face à la suite des événements. Les clients peuvent également éprouver une certaine tristesse, sachant bien que leur chez-soi sera bientôt très loin du lieu où ils résidaient jusqu'à tout récemment. Les agents leur expliquent qu'ils doivent être prêts à voyager sous peu, et répondent à leurs questions au sujet du Canada : Où vais-je habiter? Comment vais-je trouver un emploi? Est-ce que le gouvernement m'aidera? Et, bien entendu – Fait-il froid? (oh oui!) 

À la fin de la journée, les derniers réfugiés embarquent à bord d'autobus de l'Organisation internationale pour les migrations. Le grand hangar se vide et la température baisse. Les agents reprennent les navettes pour retourner à la maison dans les rues engorgées d'Amman. Des milliers de réfugiés ont passé une entrevue en quelques semaines – un exploit remarquable – et des milliers d'autres viendront au cours des prochains jours.

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