ARCHIVÉ – Initiative des cours de langue de niveau avancé Évaluation formative

Sommaire exécutif

Le présent rapport expose les résultats d’une évaluation formative de l’initiative des Cours de langue de niveau avancé (CLNA) (appelée « le programme »), effectuée entre novembre 2006 et juillet 2007 par la société Goss Gilroy Inc. au nom de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC).

Initiative des Cours de langue de niveau avancé

L’initiative des Cours de langue de niveau avancé (CLNA) a été lancée à titre de projet pilote en 2003-2004 afin d’élaborer et d’offrir une formation linguistique de haut niveau, ainsi que des cours de langue adaptés à des professions particulières, le but étant notamment de permettre aux intéressés de se familiariser avec le marché du travail et d’y acquérir de l’expérience. Les CLNA financent deux types de projets : les projets de conception et les projets de prestation. Les projets de conception peuvent inclure l’élaboration d’outils d’évaluation, d’outils logiciels, de recherches, de guides d’étude, et d’autres auxiliaires à l’intention des apprenants, ainsi qu’un programme d’études. Les projets de prestation comportent deux composantes : les cours de langue et les activités de préparation au marché du travail. Dans la plupart des cas, les cours de langue offerts correspondent aux Niveaux de compétence linguistique canadiens (NCLC) 7 à 10 (anglais et français), et comprennent des cours de langue adaptés à des professions particulières. Dans les petits centres, le programme finance des cours de langue des niveaux 1 à 10 des NCLC, y compris des cours de langue adaptés à des professions particulières. La seconde composante – la préparation au marché du travail – se compose de diverses activités liées à l’emploi pouvant inclure, par exemple, l’initiation au marché du travail local, l’aide à la recherche d’emploi dans le domaine de spécialisation de l’immigrant, le mentorat, le placement professionnel, l’orientation culturelle en milieu de travail, ainsi que la préparation aux stages et aux examens en vue de l’obtention d’un permis d’exercice.

Le programme prévoit des investissements de 20 M$ chaque année (5 M$ à compter de 2003-2004 et 15 M$ de plus à compter de 2004-2005) pour chaque province et territoire à l’exception du Québec [ note 1 ], et des sommes supplémentaires destinées expressément à l’Ontario, conformément à l’Accord Canada-Ontario sur l’immigration (ACOI). Les fonds destinés aux CLNA peuvent être utilisés pour couvrir les frais liés à la garde d’enfants et au transport. Les projets de CLNA doivent inclure le partage des coûts sous forme de fonds de contributions, de services, d’équipement ou d’installations. Au nombre des partenaires admissibles, mentionnons les gouvernements provinciaux et territoriaux, les municipalités, les entreprises, les organismes sans but lucratif, les particuliers, les organismes non gouvernementaux, les groupes communautaires, ainsi que les collèges et les universités. [ note 2 ]

Au départ, la gestion et la prestation des CLNA étaient centralisées à la Direction générale de l’intégration (administration centrale). La décentralisation vers les bureaux régionaux de CIC a commencé à l’été 2006 en Alberta et s’est terminée au printemps 2007 en Ontario. Les gouvernements de la Colombie-Britannique (C.-B.) et du Manitoba ont signé des ententes de partage des coûts en vue du remaniement des services d’établissement, qui incluent les CLNA. De plus, une entente de contribution en matière de partage des coûts a été signée avec le gouvernement de la Saskatchewan. Dans ces trois provinces, les FS présentent des demandes directement au gouvernement provincial. Quant à l’Alberta, elle participe aux appels de propositions communs et à la sélection conjointe des projets de sorte que les FS de l’Alberta signent des ententes de contribution distinctes avec CIC et la province.

Projets de CLNA et participants

Depuis le lancement du programme, en 2003-2004, CIC a financé 253 projets de CLNA par l’intermédiaire de 140 FS différents. On a compté 2 488 participants aux CLNA note 3 ] en Ontario, en Alberta et dans les provinces atlantiques, où CIC finance directement le programme. Un peu plus de la moitié étaient des femmes (56 %) et 43 %, des hommes [ note 4 ]. Le groupe le plus important était constitué des 35 à 44 ans, ce qui s’avère cohérent avec le profil scolaire des participants. En effet, près des trois quarts des participants ont indiqué qu’ils possédaient au moins un diplôme universitaire (un peu plus d’un tiers détenaient un diplôme de premier cycle ou de deuxième ou troisième cycle). Ces chiffres sont supérieurs à la moyenne en ce qui concerne les niveaux de scolarité des immigrants en général. La proportion de participants de loin la plus élevée (30 %) provient de la Chine, le deuxième pays d’origine par ordre d’importance étant l’Inde, avec 8 % des participants. À peine plus des deux tiers des participants (69 %) sont des résidents permanents et 11 % ont présenté une demande de statut de résident permanent. La catégorie professionnelle la plus fréquente est l’ingénierie et la deuxième, celle des pharmaciens, diététistes et nutritionnistes.

Résultats

Selon les résultats de la présente évaluation formative, qui sont essentiellement de nature qualitative, les CLNA sont, dans l’ensemble, une initiative réussie qui répond aux besoins immédiats du public cible.

Raison d’être

Les résultats de l’évaluation indiquent dans quelle mesure les CLNA ont atteint leurs résultats attendus. Au départ, les informateurs principaux et les représentants des FS ont confirmé que l’intégration des nouveaux arrivants au marché du travail demeure difficile et que le gouvernement fédéral doit continuer à jouer un rôle dans ce domaine.

Résultats

La composante « conception » a produit en tout 103 outils de CLNA (p. ex. programme d’études, outils d’évaluation, recherche, pratiques prometteuses, terminologie des professions, autres outils). Des spécialistes externes ont évalué la qualité des outils utilisés par ces FS (certains ayant été élaborés dans le cadre de la composante « conception » des CLNA). Dans l’ensemble, les spécialistes ont attribué une note très élevée aux outils. Le contenu, le format et la conception des outils ont été évalués de façon très positive, le processus et la généralisabilité des outils ayant obtenu une note satisfaisante. En conséquence, ils ont probablement contribué au soutien et à l’amélioration des projets et des programmes.

La composante « prestation » visait des résultats bien déterminés en ce qui concerne la préparation des nouveaux arrivants au marché du travail, à savoir : les aider à se préparer aux examens en vue de l’obtention d’un permis d’exercice; leur permettre d’améliorer leurs compétences linguistiques; les aider à améliorer leur connaissance et leur expérience de l’environnement de travail canadien; améliorer leurs techniques de recherche d’emploi; et les aider à trouver des mentors et des personnes-ressources ainsi qu’à se constituer des réseaux. On s’attendait à ce que toutes ces initiatives contribuent, à long terme, à ce que les participants obtiennent un emploi correspondant à leurs compétences et à leur expérience. Les résultats que les FS semblent avoir atteints sont l’amélioration de leurs compétences linguistiques ainsi que l’acquisition d’une connaissance et d’une expérience de l’environnement de travail canadien, et cela grâce tant à la formation théorique qu’au placement professionnel. 

  • L’information tirée de la base de données sur les CLNA et les commentaires des groupes de discussion semblent indiquer que les niveaux linguistiques se sont améliorés sur le plan des quatre compétences (écoute, conversation, lecture et rédaction).
  • Deux composantes principales des projets de CLNA – la composante théorique et  la composante prépararation au marché du travail– ont aidé les participants à mieux connaître l’environnement de travail canadien et à en acquérir une plus grande expérience. Il ressort des études de cas effectuées dans le cadre des visites sur place que la formation théorique est axée sur le milieu de travail; les participants considèrent que cela les a aidés à se préparer à l’environnement de travail canadien.  
  • Les projets de prestation des CLNA doivent comprendre au moins une composante de préparation au marché du travail. Près des trois quarts des FS ayant fait l’objet d’une étude de cas incluaient le placement professionnel (non rémunéré, rémunéré intégralement ou partiellement) comme principale activité de préparation au marché du travail. Même si les études de cas semblent indiquer des gains considérables en termes d’accroissement de la connaissance et de l’expérience de l’environnement de travail canadien, certains ne sont pas nécessairement liés de manière directe à l’augmentation du nombre d’emplois correspondant aux capacités des participants. Par exemple, certains participants sont retournés suivre une formation complémentaire ou, ayant pris conscience des véritables exigences à respecter pour entrer sur le marché du travail canadien, ont cherché un autre emploi, peut-être plus à leur portée.

Comme l’évaluation était formative, elle n’a pas comporté une évaluation approfondie de la mesure dans laquelle les projets de CLNA ont contribué au résultat attendu à long terme : permettre aux participants d’avoir un emploi correspondant à leurs compétences et à leur expérience. L’information limitée tirée de la base de données sur les CLNA indique parmi les sujets dont on dispose des renseignements sur l’adéquation entre l’emploi et leurs qualification, ce qui représente environ le quart des participants, 59 % d’entres eux ont déclaré avoir obtenu un emploi semblable à celui qu’ils occupaient avant leur arrivée au Canada. Les données qualitatives sur l’emploi tirées des études de cas indiquent que dans un peu plus de la moitié de ces études, un grand nombre de participants trouvaient un emploi après avoir participé à un projet de CLNA

Administration des CLNA

L’évaluation a montré que, dans l’ensemble, les relations entre CIC et les provinces ou territoires sont les plus étroites à l’échelle des bureaux régionaux et locaux (en particulier lorsque les bureaux de CIC et les bureaux provinciaux ou territoriaux sont partagés). Les représentants des provinces et territoires ont relevé certaines difficultés liées à la gestion des CLNA par l’administration centrale : le manque de rencontres en face à face, le roulement élevé du personnel des CLNA, et la communication déficiente sur des sujets qui aideraient les provinces et territoires à soutenir les CLNA ou à concevoir des programmes dans ce domaine. Les FS interrogés estimaient généralement que les communications avec CIC étaient suffisantes, même s’ils se sont dits très mécontents du retard de la négociation des ententes de contribution, du manque de continuité du financement, de l’absence de coordination des programmes destinés aux nouveaux arrivants (notamment les divers projets de CLNA) et de ce qu’ils ont perçu comme l’absence d’une vision à long terme de l’établissement des immigrants.

Base de données sur les CLNA de CIC

Au lieu d’intégrer les données à recueillir sur les CLNA dans la base de données actuelle de CIC relative à d’autres programmes d’établissement (iSMRP), les gestionnaires du programme des CLNA ont décidé de créer une base de données distincte pour le programme. Même si la base de données sur les CLNA fournit certains renseignements sur les participants, il est devenu évident, au cours de l’évaluation, que l’information fournie était considérablement limitée.

  • Lors de l’évaluation, la base de données ne renseignait pas sur tous les projets ou participants; la diversité des structures de prestation selon les provinces, les données relatives aux projets et aux participants ne sont pas recueillies de la même manière dans chaque province.
  • Les données disponibles sur les participants sont limitées et présentent un manque d’uniformité. Cela est dû, en partie, au fait que CIC a modifié le format utilisé pour faire état des données au cours du programme. Au nombre de ces limites, mentionnons les lacunes que comportent les données relatives à chaque participant et le fait que l’information sur les résultats des participants est limitée.
  • L’absence de format préétabli pour l’entrée de données signifie qu’on doit effectuer un travail important d’épuration des données avant de pouvoir effectuer une analyse pertinente.
  • La qualité des données pour certaines variables est remise en question.
Conditions d’admissibilité

Les résultats de l’évaluation indiquent qu’un certain nombre de clients des CLNA n’étaient pas admissibles au programme en raison de leur statut d’immigrant (citoyens canadiens et demandeurs d’asile). On disposait de peu d’information pour clarifier cette question.

Diffusion des outils

La qualité des outils et des programmes d’études des CLNA est un point fort de l’initiative. L’examen effectué par des spécialistes a démontré que bon nombre d’outils sont généralisables à d’autres professions ou milieux. Les résultats indiquent qu’il est nécessaire de mieux diffuser ces outils et de mieux transférer les connaissances dans le cadre de l’initiative.

Le placement professionnel : un élément clé

La souplesse du programme, considérée par les intervenants comme un de ses points forts, s’est traduite par l’adoption de divers modes de prestation. L’évaluation a démontré que certains sont plus efficaces que d’autres. Le recours au placement professionnel, en particulier, a été considéré comme un facteur clé de réussite par les participants au programme. Les placements professionnels semblent plus efficaces lorsque des ressources particulières sont affectées à leur recherche et à leur gestion. En outre, lorsque le placement professionnel n’est pas possible, les FS intègrent des activités explicites de préparation au marché du travail dans le programme; cela peut notamment comprendre le mentorat et le jumelage.

Promotion proactive du programme des CLNA

Certains des projets financés dans le cadre des CLNA ont leur propre créneau, c’est-à-dire qu’ils ciblent des professions particulières, par exemple les représentants des services financiers pour les coopératives de crédit. De tels projets, dans une région géographique précise, ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de participants chaque année, le nombre de personnes pouvant être absorbées par le marché du travail de cette région étant limité. En conséquence, lorsque ces types de projet semblent très efficaces, on doit veiller à promouvoir activement ces approches dans d’autres régions.

Collecte de données

L’information fournie par les projets ou les provinces aux fins d’inclusion dans la base de données sur les CLNA est insuffisante pour permettre une évaluation quantitative des résultats de l’initiative. Parallèlement, les FS ont indiqué que les exigences liées à la collecte de données sont considérables et certains se sont inquiétés d’avoir à fournir à CIC des renseignements personnels sur les participants. Il faut trouver un moyen de recueillir des données suffisantes pour effectuer une évaluation plus quantitative des résultats des participants aux fins de l’évaluation sommative.

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[1] Les CLNA ne concernent pas le Québec, étant donné que tous les services d’établissement offerts dans cette province sont régis par l’Accord Canada-Québec, signé en 1991. Le gouvernement du Québec est entièrement responsable de la prestation, à tous les immigrants de la province, des services d’intégration comparables à ceux offerts ailleurs au pays, moyennant une compensation financière du gouvernement fédéral.

[2] Trousse de formation du personnel de CIC sur les CLNA – Région de l’Ontario, mise à jour le 9 juin 2006, page 14.

[3] Le nombre de participants est probablement beaucoup plus élevé que celui qui figure dans la base de données. On estime à environ 5 500 le nombre probable de participants aux CLNA dans les provinces visées par le programme, certains d’entre eux n’apparaissant pas du fait que CIC n’a pas encore terminé l’entrée des données relatives à tous les participants aux projets. En juillet 2007, quelque 1 500 dossiers de participants relatifs à des projets achevés devaient être ajoutés à la base de données.

[4] L’information concernant 1 % des participants était manquante.

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