ARCHIVÉ – Capital social et entrée sur le marché du travail des nouveaux immigrants au Canada

1. Introduction

De plus en plus de données témoignent du déclin des résultats économiques des nouveaux immigrants comparativement aux résultats des cohortes plus anciennes (p. ex. Bloom, Grenier and Gunderson, 1995; Picot, Hou et Coulombe, 2007). L’examen des déterminants des résultats des nouveaux immigrants sur le plan professionnel, y compris des composantes du capital social, constitue une étape essentielle pour comprendre ce phénomène. Compte tenu des difficultés des nouveaux immigrants à s’intégrer au marché du travail canadien, le rôle du capital social comme mécanisme pour comprendre les progrès socio-économiques des immigrants suscite de plus en plus d’intérêt (Kunz, 2005). Différentes définitions du capital social ont été employées dans le but d’examiner des contextes élargis tels que le niveau d’instruction (Sun, 1999; Israel et Beaulieu, 2004), la recherche d’emploi (Montgomery 1991) et l’utilisation des services de santé (Deri, 2005). On allègue souvent que les immigrants sont désavantagés sur le marché du travail en raison de leur capital social réduit par rapport à celui des personnes natives du pays (Aguilera, 2003; Sanders, Nee et Sernau, 2002). Toutefois, la plupart des recherches portant sur les déterminants des résultats sur le plan professionnel se sont concentrées sur le rôle du capital humain et la structure du marché du travail. Peu d’attention a été prêtée à l’examen empirique de l’effet qu’exercent les réseaux sociaux sur les résultats économiques des nouveaux arrivants; la corrélation possible entre le capital social et les résultats sur le plan professionnel a été encore plus négligée.

Ce document vise à combler ces lacunes au moyen d’une analyse empirique des liens existants entre le capital social et la probabilité, pour les nouveaux immigrants au Canada, de se trouver un emploi, en s’appuyant sur un ensemble de données, soit les microdonnées des vagues 1, 2 et 3 de l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC). L’ELIC fournit une information unique sur les catégories d’immigrants, les groupes ethniques, les interactions sociales et les résultats sur le plan professionnel, nécessaire à l’analyse prévue. De plus, la méthode longitudinale rend possible une analyse des données recueillies au moyen d’un panel afin d’examiner le rôle du capital social.

L’analyse tente de répondre aux questions suivantes : le capital social fondé sur les réseaux joue-t-il un rôle dans l’intégration économique des nouveaux immigrants? Les résultats sur le plan professionnel varieront-ils selon le type de capital social et son étendue? Comment les immigrants disposant d’un réseau social composé davantage de personnes du même groupe ethnique réussissent-ils comparativement à ceux disposant d’un réseau social diversifié?

La présente recherche contribue de multiples manières à enrichir la documentation existante sur les résultats des immigrants sur le plan professionnel. En premier lieu, en s’appuyant sur les renseignements uniques qu’offrent l’ELIC, cette recherche permet d’établir des indicateurs multidimensionnels de capital social selon le concept de réseau : les types de réseaux (parenté, amitié, organisations) et leur envergure (étendue, diversité, densité et qualité). Deuxièmement, la recherche révèle une variabilité significative en présence de réseaux sociaux déjà en place à l’arrivée de l’immigrant ainsi qu’en présence d’un stock de capital social dans plusieurs catégories d’immigrants et de groupes ethniques. L’analyse montre également que le stock de capital social, mesuré au moyen d’indicateurs variés, influe sur la probabilité, pour l’immigrant, de se trouver un emploi au cours des quatre premières années. Il se peut que, si le réseau est plus diversifié sur le plan ethnique, le capital social puisse jouer un rôle important pour faciliter l’assimilation économique des nouveaux immigrants pour ce qui est d’augmenter la probabilité de trouver un emploi. Enfin, en utilisant un modèle de données recueillies au moyen d’un panel, des répercussions spécifiques à un individu sont prises en compte. Cet aspect n’a pas reçu beaucoup d’attention dans les travaux de recherche sur les résultats des immigrants sur le plan professionnel.

Structure du document : après l’analyse documentaire de la question, suivront les données et la méthodologie ainsi que le cadre modèle. Dans les sections suivantes, il sera question de l’établissement d’indicateurs sociaux et une analyse descriptive sera présentée, puis des résultats empiriques seront dégagés de l’estimation du modèle économétrique. Les conclusions sont exposées à la fin du document.

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