ARCHIVÉ – État de santé et capital social des nouveaux immigrants : données probantes issues de l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada

Conclusion

À partir des trois cycles de l’ELIC, nous avons étudié l’évolution de l’état de santé des nouveaux immigrants au moyen d’analyses descriptives et de la régression. Nos analyses descriptives à partir de l’ELIC et de l’ESCC tendent à corroborer vigoureusement l’existence de « l’effet de la bonne santé des immigrants », ce qui donne à penser que l’état de santé autodéclaré des immigrants au cours des quatre premières années suivant leur arrivée est meilleur que celui des personnes nées au Canada. Toutefois, tant les résultats des analyses descriptives que ceux des analyses de la régression montrent que la proportion d’immigrants se déclarant en bonne santé diminue au fil du temps.

Nos constatations semblent également indiquer que l’état de santé des sous-groupes de nouveaux immigrants présente des écarts. Ainsi, les demandeurs principaux du groupe des travailleurs qualifiés sont plus susceptibles d’être en excellente, en très bonne ou en bonne santé, tandis que les réfugiés sont plus susceptibles de considérer leur état de santé comme passable ou mauvais.

Lorsqu’on se penche sur les effets de certaines variables liées au capital social, notre étude montre que les réseaux d’amis jouent un rôle très important dans la santé des nouveaux immigrants. La densité et la diversité ethnique des réseaux d’amis ont des effets significatifs et positifs sur l’état de santé autodéclaré des immigrants. Pour les immigrants de la catégorie du regroupement familial, à part les réseaux d’amis, les réseaux de groupes et d’organismes produisent également un effet significatif et positif sur l’état de santé au cours des quatre premières années suivant leur arrivée. L’existence au Canada de liens familiaux a un impact positif beaucoup plus important sur l’état de santé des immigrants de la catégorie du regroupement familial que sur celui des autres catégories d’immigrants. 

Incidence sur les politiques

Les conclusions de l’ELIC indiquent que le capital social joue un rôle important dans le maintien de la bonne santé des immigrants au cours des premières années suivant leur arrivée. Par conséquent, des recherches sur le capital social pourraient très utilement orienter les politiques sur la santé des immigrants. Les programmes du gouvernement du Canada, comme le Programme d’établissement et d’adaptation des immigrants (PEAI), les Cours de langue pour les immigrants (CLIC) et le Programme d’accueil, peuvent jouer un rôle important en accroissant le capital social des immigrants et avoir ainsi une incidence sur l’état de santé. Ces programmes peuvent soutenir et favoriser l’installation et l’intégration des nouveaux immigrants dans la société canadienne en facilitant la formation de liens et la transition vers des réseaux et des organismes communautaires.

Il ressort de la présente recherche que la difficulté d’obtenir des soins de santé, en raison notamment des barrières linguistiques, a un effet non négligeable sur l’état de santé des immigrants. Pour aider les immigrants à surmonter ces difficultés et à obtenir les renseignements dont ils ont besoin pour prendre en main leur santé et celle de leur famille, des activités communautaires multiculturelles en matière de santé pourraient être organisées pour compléter les programmes gouvernementaux. La Foire de la santé multiculturelle (Multicultural Health Fair), créée par l’Affiliation of Multicultural Societies and Services Agencies (AMSSA) en 2005, est un événement communautaire gratuit qui réunit des représentants et des bénévoles de diverses communautés ethniques de la région de Vancouver en vue de fournir des renseignements en matière de santé aux nouveaux immigrants (AMSSA 2008). De telles activités sont bénéfiques parce qu’elles offrent l’occasion de créer des liens et d’échanger des renseignements, des expériences et des connaissances tout en renforçant le capital social communautaire.

Les gouvernements peuvent également favoriser l’élaboration de politiques et de programmes qui facilitent la création de liens entre les organismes et les agences qui s’occupent de la santé de la population immigrante. En Colombie-Britannique, le « projet de cartographie » des services disponibles en est un bon exemple. La cartographie des services disponibles dans les collectivités est utile aux immigrants et est également une source de renseignements pour les décideurs et les fournisseurs de services sur un vaste éventail de questions de santé ayant une incidence sur les populations diversifiées demeurant dans la province. Dans le domaine de la santé publique, ce projet encourage par ailleurs la création d’un modèle axé sur la collectivité en établissant des liens avec les divers organismes de santé et agences de services communautaires qui s’occupent actuellement de la santé publique ou qui pourraient être amenés à s’en occuper. Ces réseaux inter-institutionnels pourraient « améliorer l’efficacité des programmes existants et entraîner la création de nouveaux programmes », ce qui déboucherait sur l’« intensification de la circulation et du partage des ressources tangibles (argent, matériel, équipement) ou intangibles (information, expertise) » [Traduction] (PRP 2005a, 24).

Enfin, d’autres recherches sur les effets du capital social sur la santé des immigrants sont nécessaires pour créer une base de données probantes plus rigoureuse à l’appui de l’élaboration des politiques et des programmes. Une analyse plus poussée d’ensembles de données comme celles issues de l’Enquête sociale générale (ESG) et de l’ELIC est une première étape importante. Dans l’avenir, l’élaboration et le financement d’ensembles de données sur la santé des immigrants ou l’addition d’un échantillon plus vaste d’immigrants aux ensembles de données existants en matière de santé pourraient également se révéler profitables.

 

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