ARCHIVÉ – Étude documentaire de la recherche sur l’opinion publique canadienne concernant le multiculturalisme et l’immigration pour la période 2006-2009

2. Points de vue des Canadiens sur le multiculturalisme et l’immigration

2.1. Appui à la diversité ethnique / linguistique / religieuse

2.1.1. Importance pour l’identité canadienne

Nous commençons par observer certaines données relatives à l’opinion publique sur l’importance perçue du multiculturalisme pour l’identité canadienne. Les figures 1 à 3 démontrent chacune que la majorité de la population appuie l’idée que le multiculturalisme constitue un élément central de l’identité canadienne. Une enquête réalisée par Ipsos-Reid révèle que 84 % de la population canadienne approuve (ce qui comprend à la fois les personnes « plutôt d’accord » et « tout à fait d’accord ») l’énoncé selon lequel « la mosaïque culturelle du Canada constitue l’un des meilleurs traits de ce pays » (figure 1); une enquête effectuée par Strategic Counsel indique que 61 % de la population canadienne croit que le multiculturalisme « renforce l’identité nationale » (figure 2). De plus, selon des données d’Environics publiées récemment (2010), la population canadienne croit que le multiculturalisme est la particularité du Canada qui mérite le plus d’être célébrée lors de son 150e anniversaire (figure 3) – 27 % de la population canadienne participant à l’enquête ont signalé, sans qu’aucune réponse leur soit proposée, que le multiculturalisme constituait la meilleure raison de célébrer, la Charte des droits et libertés (12 %) se trouvant beaucoup plus loin dans la liste.

Selon la figure 4, une hausse de 13 points de pourcentage a été observée quant à l’importance perçue du multiculturalisme pour l’identité canadienne au cours de la dernière décennie. Bien que cette hausse soit évidente tant au Québec que dans le reste du Canada (quoique les données régionales ne soient pas présentées ici), elle est en quelque sorte plus marquée au Québec, où 40 % des personnes sondées considèrent le multiculturalisme comme un facteur très important. En ce qui concerne le bilinguisme, une majorité absolue de Québécois le juge très important; dans le reste du Canada, les résultats oscillent entre 30 % et 40 %.

Les données d’Environics qui se trouvent à la figure 4 portent à croire que ni le multiculturalisme ni le bilinguisme ne sont considérés comme l’élément le plus important pour l’identité canadienne; en règle générale, les soins de santé universels et la Charte canadienne des droits et libertés se situent régulièrement en haut de la liste. Néanmoins, un examen de plusieurs questions différentes montre qu’une majorité de Canadiens appuient l’idée que le multiculturalisme est au cœur de l’identité canadienne.

Figure 1 : La mosaïque culturelle du Canada constitue l’un des meilleurs traits de ce pays.


(2007, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 1 002)

Version texte : La mosaïque culturelle du Canada

Figure 2 : Le multiculturalisme


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000 Canadiens)

Version texte : Le multiculturalisme

Figure 3 : À votre avis, quelle est la particularité du Canada qui mérite le plus d’être célébrée lors de son 150e anniversaire? (Aucune proposition de réponse)
Option % Pourcentage
Multiculturalisme 27
Charte des droits et libertés 12
Beauté / ressources naturelles 7
Histoire/patrimoine / culture des Autochtones du Canada 6
Pays paisible / absence de crimes ou de problèmes sociaux 5
Population gentille / amicale 5
Liberté (en général) 5
Indépendance par rapport aux É.-U. / à d’autres pays 4
Arts et culture / littérature / musique / artistes 4
Régime de soins de santé 4
Démocratie/institutions démocratiques 4
Histoire du Canada / patrimoine canadien 4
Unité nationale 4
Prospérité économique/niveau de vie 3
Tolérance à l’égard d’autrui / droits de la personne 3
Rôle / contribution au maintien de la paix / à la paix mondiale 3
Grands Canadiens 3
Autre 27
Aucune / rien 14
NSP / S.O. 18

(Février 2010, sondage 150! Canada d’Environics, taille de l’échantillon : 1 001)

Figure 4 : Dans quelle mesure les éléments qui suivent sont-ils importants pour l’identité canadienne? (Très important à pas du tout important, échelle de quatre points.)
Pourcentage de personnes ayant répondu « très important »
Option 1997 2000 2003 2007
Régime de soins de santé 89 80 78 83
Charte des droits et libertés 72 76 71 72
Drapeau canadien 70 73 68 69
Parcs nationaux 71 73 62 63
Hymne national 67 65 60 62
Sites historiques 65 67 53 58
GRC 60 60 57 52
Multiculturalisme 37 54 47 50
Littérature et musique canadiennes 49 58 46 46
Bilinguisme 37 45 38 40
Radio-Canada 39 37 37 39
Hockey 30 35 40 37
Ottawa, capitale nationale 43 36 33
La Reine 14 16 16 16

(1997-2007, Focus Canada d’Environics, taille de l’échantillon de 2007 : 2030)

2.1.2. Points de vue sur la diversité

Dans la présente section, nous avons examiné non plus les points de vue sur le « multiculturalisme », mais ceux sur la « diversité ». La figure 5 est la première parmi plusieurs autres qui porteront sur les points de vue de la population canadienne en cette matière. Ici encore, nous constatons un appui majoritaire à l’égard d’un Canada diversifié, multiethnique. Six Canadiens sur dix (58 %) croient que « la diversité de plus en plus grande des groupes ethniques et raciaux au Canada » est très bonne ou bonne (figure 5); un pourcentage analogue de personnes (64 %) croit qu’« une mosaïque culturelle crée une société plus riche et plus tolérante » (figure 6). Le soutien majoritaire accordé à la diversité est également manifeste en réaction à un énoncé sur la tolérance formulé à la négative : six Canadiens sur dix (59 %) ne sont pas d’accord pour dire que « le Canada change trop rapidement à cause de toutes ces minorités maintenant présentes au pays » (figure 7). Ce soutien est également évident lorsque les questions portent sur la diversité religieuse : les trois quarts (75 %) de la population canadienne sont d’accord pour dire qu’« il est préférable pour le Canada qu’il soit composé d’une diversité de personnes de différentes religions» (figure 8). Les figures 9 et 10 montrent les réponses aux questions qui mentionnent explicitement le nombre ou le pourcentage de Canadiens appartenant à une minorité visible au Canada. Les deux figures indiquent qu’une très faible partie de la population canadienne (moins d’une personne sur dix) considère que leur nombre est soit trop important ou qu’il représente une évolution négative.

Dans l’ensemble de ces diverses enquêtes et questions, l’appui à la diversité est constamment plus marqué chez les jeunes, quoique cela semble être une question de degré plutôt qu’un point de vue tout à fait différent. Par exemple (selon les données de la figure 5 ventilées par groupe d’âge), la majorité des personnes de tous les groupes d’âge déclare que « la diversité de plus en plus grande des groupes ethniques et raciaux au Canada » est très bonne ou bonne, mais ce point de vue est plus courant chez les Canadiens âgés de 18 à 34 ans (65 %) que chez les personnes plus âgées (55 %).

Globalement, une majorité de Canadiens a une opinion favorable des diverses formes de diversité. Cela dit, certaines indications portent à croire qu’une minorité de personnes est préoccupée, 31 % de la population canadienne étant d’avis qu’« une trop grande diversité peut affaiblir une société et il serait préférable que nous adhérions tous aux mêmes valeurs et à la même culture » (figure 6), et 39 % de la population étant d’accord pour dire que « le Canada change trop rapidement à cause de toutes ces minorités maintenant présentes au pays » (figure 7). Alors que les figures précédentes ont mis en évidence les niveaux relativement élevés de soutien à la diversité de la population canadienne, ces données incitent aussi à une certaine prudence. Bref, la population canadienne appuie la diversité avec quelques réserves. Ce thème sera également abordé dans la prochaine section qui a trait à l’intégration et à l’assimilation.

Figure 5 : À votre avis, la diversité de plus en plus grande des groupes ethniques et raciaux au Canada est-elle très bonne, bonne, mauvaise ou très mauvaise pour le pays?


(2008, Angus-Reid Strategies, taille de l’échantillon : 1 010, en ligne)

Version texte : La diversité de plus en plus grande des groupes ethniques et raciaux au Canada

Figure 6 : Lequel des deux énoncés suivants se rapproche le plus de votre point de vue?


(2009, EKOS pour CBC, taille de l’échantillon : 1 587, en ligne)

Version texte : Votre point de vue?

Figure 7 : Le Canada change trop rapidement à cause de toutes les minorités maintenant présentes au pays


(2007, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 1 002)

Version texte : Le Canada change trop rapidement à cause de toutes les minorités

Figure 8 : Il est préférable pour le Canada qu’il soit composé d’une diversité de personnes de différentes religions


(2006, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 7 787, en ligne)

Version texte : Canada composé d’une diversité de personnes de différentes religions

Figure 9 : Comme vous l’avez peut-être entendu, le Canada compte maintenant cinq millions de citoyens qui appartiennent à une minorité visible, selon le dernier recensement. À votre avis, s’agit-il d’une évolution positive ou négative, ou en êtes-vous incertain?


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000)

Version texte : Cinq millions de citoyens qui appartiennent à une minorité visible

Figure 10 : Les minorités visibles représentent maintenant 16 % de la population du Canada. Comment qualifieriez-vous ce pourcentage? Est-il…?


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000)

2.1.3. Intégration/assimilation

La section précédente laisse entendre que certains Canadiens ont des réserves au sujet de la diversité. Les données donnent à penser que ces réserves tiennent principalement aux préoccupations concernant l’intégration ou l’assimilation. Le public canadien appuie la diversité dans une large mesure, mais à la condition qu’il y ait un certain degré d’assimilation. Autrement dit, si l’occasion lui est donnée de réfléchir à l’intégration ou l’assimilation, le public canadien fait un choix qui se situe quelque part entre les deux — il encourage l’intégration, certes, mais pas jusqu’à l’assimilation.

Premièrement, quantité de résultats portent à croire au soutien à la diversité. D’après les données de la figure 11, une majorité de Canadiens tolère la différence, car plus de six personnes sur dix (64 %) ne sont pas d’accord pour dire qu’« il est préférable pour le Canada que presque tout le monde adhère aux mêmes coutumes et traditions ». Selon une enquête réalisée par Environics, la population canadienne est aussi généralement encline à croire que les immigrants et les groupes ethniques minoritaires devraient pouvoir conserver leurs pratiques religieuses et culturelles (49 %) (figure 12).

Deuxièmement, il y a un écart entre les points de vue de la population en général et, par exemple, ceux des musulmans canadiens (voir la figure 12) quant à la mesure dans laquelle les immigrants et les groupes ethniques minoritaires devraient se fondre dans la société canadienne. Selon toute probabilité, comparativement aux minorités ethniques, le Canadien moyen est pour un degré d’intégration plus important. En effet, devant un choix à faire entre l’intégration et le maintien des identités et cultures, le Canadien moyen opte pour la première proposition. Une enquête menée en 2006 par Strategic Counsel a révélé que 70 % de la population canadienne croit que « nous devrions encourager les immigrants à s’intégrer à la culture canadienne », ce qui dépasse largement les 19 % de personnes pour qui l’objectif à atteindre devrait être d’ « encourager les immigrants à conserver leur identité et leur culture ». Ces opinions n’ont pas changé depuis 2005 (figure 13). De même, en 2007, une faible majorité des personnes soumises à un sondage d’Ipsos-Reid considérait prioritaire d’encourager les groupes minoritaires à ressembler davantage aux Canadiens (57 %) plutôt que d’encourager les Canadiens à accepter les groupes minoritaires et leurs coutumes (38 %) (voir la figure 14).

Les jeunes Canadiens (âgés de moins de 35 ans) favorisent généralement davantage le maintien par les groupes minoritaires de leurs coutumes et traditions, quoiqu’une importante minorité appuie l’intégration. Par exemple, un sondage Ipsos-Reid mené en 2007 a indiqué que 50 % de la population canadienne âgée de moins de 35 ans penchait pour l’acceptation des groupes minoritaires et de leurs coutumes, comparativement à 24 % des personnes âgées de 55 ans ou plus (selon une ventilation par groupe d’âge, non présentée, des données de la figure 14). Néanmoins, plus de quatre jeunes Canadiens sur dix (44 %) accordent la priorité à l’intégration, comparativement à 71 % de la population plus âgée.

Selon la population canadienne, qu’est-ce que les immigrants eux-mêmes veulent ou font quand ils viennent au Canada? Bon nombre de Canadiens disent être préoccupés par le fait que les immigrants ne souhaitent pas s’intégrer à la société canadienne. Par exemple, une étude réalisée en 2008 par Environics a révélé que 60 % de la population canadienne est d’accord pour dire qu’« un trop grand nombre des immigrants qui viennent dans ce pays n’adopte pas les valeurs canadiennes » (figure 15). La même année, l’enquête réalisée dans le cadre de l’Étude électorale canadienne a indiqué qu’une mince majorité (54 %) était d’accord pour dire que « trop d’immigrants de fraîche date ne veulent tout simplement pas s’intégrer à la société canadienne » (figure 16). Les deux enquêtes ont fait ressortir des niveaux de préoccupation stables depuis 2000 – malgré le sommet enregistré en 2006, évident dans la figure 15, qui découle peut-être des reportages des médias sur le débat en cours dans les pays d’Europe occidentale au sujet de l’intégration des populations de nouveaux arrivants et de l’arrestation, dans le grand Toronto, de 18 jeunes gens soupçonnés d’avoir comploté pour perpétrer des attaques terroristes contre des cibles canadiennes.

Les figures 17 et 18, tirées d’une autre enquête, nous renseignent encore sur les préoccupations relatives à l’absence d’assimilation constatées chez un nombre considérable de Canadiens. Plus de quatre répondants sur dix (46 %) à un sondage de 2006 de Léger pensent que les immigrants s’intègrent à la société canadienne soit « pas très facilement » ou « pas facilement du tout »; un pourcentage semblable (45 %) croit que les nouveaux Canadiens conservent trop longtemps leurs coutumes et traditions.

Figure 11 : Il est préférable pour le Canada que presque tout le monde adhère aux mêmes coutumes et traditions


(2006, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 7 787, en ligne)

Version texte : Adhérer aux mêmes coutumes et traditions

Figure 12 : Certaines personnes disent que les immigrants et les membres de groupes ethniques minoritaires devraient se fondre dans la société canadienne et éviter de former des collectivités séparées. D’autres disent que les immigrants et les membres de groupes ethniques minoritaires devraient être libres de conserver leurs pratiques et leurs traditions religieuses et culturelles. Lequel de ces deux points de vue se rapproche le plus du vôtre?


(2006, Focus Canada 2006-4 d’Environics, taille de l’échantillon
de musulmans : 500; taille de l’échantillon de Canadiens : 2 045)

Version texte : Se fondre dans la société canadienne

Figure 13 : Une fois que les immigrants sont ici, quel devrait être, selon vous, le principal objectif du Canada? Pensez-vous que nous devrions encourager les immigrants à conserver leur identité et leur culture ou que nous devrions les encourager à s’intégrer à la culture canadienne?


(2005 et 2006, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000 par vague)

Version texte : Principal objectif du Canada

Figure 14 : Dans l’ensemble, qu’est-ce qui devrait être prioritaire, à votre avis, pour le Canada?


(2007, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 1 002)

Version texte : Ce qui devrait être prioritaire pour le Canada

Figure 15 : Un trop grand nombre des immigrants qui viennent dans ce pays n’adopte pas les valeurs canadiennes. (Tout à fait d’accord à pas du tout d’accord, échelle de quatre points)

Remarque : Les points de l’axe horizontal indiquent  le mois durant lequel l’enquête a été effectuée. L’intervalle entre les enquêtes varie.


(1993-2008, Focus Canada 2008-1 d’Environics, taille de l’échantillon 2008 : 2 028)

Version texte : Adopter les valeurs canadiennes

Figure 16 : Trop d’immigrants de fraîche date ne veulent tout simplement pas s’intégrer à la société canadienne. (Tout à fait d’accord à pas du tout d’accord, échelle de quatre points)


(Étude électorale canadienne, taille de l’échantillon [sondage renvoyé par la poste] : environ 1 500 par élection)

Version texte : Intégration à la société canadienne

Figure 17 : Diriez-vous que la plupart des immigrants s’intègrent facilement à la société canadienne?


(2007, Léger Marketing pour Sun Media, taille de l’échantillon : 3 092, en ligne)

Version texte : Facilité des immigrants à s’intègrer

Figure 18 : Certaines personnes disent que les nouveaux Canadiens conservent leurs coutumes et traditions pendant trop longtemps après leur arrivée au Canada. D’autres disent que les nouveaux Canadiens s’adaptent à la vie au Canada à un rythme naturel et acceptable. Laquelle de ces opinions se rapproche le plus de la vôtre?


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000)

2.1.4. Discrimination

Les politiques publiques sur le multiculturalisme et l’immigration devraient tenir compte non seulement de l’appui public à l’immigration et à la diversité, mais aussi sur la façon dont les perceptions du public évoluent à propos de la discrimination. Dans ce contexte, nous examinons ici les réponses aux questions portant sur la discrimination, au sens large. Par exemple, une enquête réalisée en 2008 par Strategic Counsel a révélé qu’une majorité écrasante de Canadiens (88 %) est d’accord pour dire que « le Canada est accueillant à l’égard des minorités visibles » (figure 19). Le pourcentage de Canadiens qui croient que leur province est accueillante (89 %) est tout aussi élevé, et est à peine plus faible que le pourcentage observé concernant leur collectivité (81 %). Il y a des différences entre le Québec et le reste du Canada, comme le montre le graphique du bas de la figure 19. En bref, les Québécois et Québécoises sont moins susceptibles de croire que leur province est accueillante à l’égard d’une diversité de personnes – 34 % sont tout à fait d’accord comparativement à 48 % de la population du reste du Canada. Cependant, il est à noter que, si nous combinons les catégories « tout à fait » et « plutôt » d’accord, la différence entre les deux populations est très faible. Selon une enquête menée en 2007 par Canada West Foundation, 86 % à 92 % des résidents des centres urbains des provinces de l’Ouest et de Toronto sont tout à fait d’accord ou plutôt d’accord pour dire que leur ville est accueillante à l’égard des personnes de différentes cultures et origines (figure 20).

Même si les Canadiens pensent que leur province, leur ville ou leur collectivité est généralement accueillante, un bon nombre d’entre eux croit aussi à l’existence d’un problème de discrimination. C’est ce que démontrent d’abord les résultats de la figure 19, selon lesquels une minorité appréciable de Canadiens est « plutôt » d’accord au lieu de « tout à fait » d’accord à propos de cet énoncé. Ensuite, les figures subséquentes confirment que le public canadien reconnaît l’existence de la discrimination au Canada : dans un sondage d’Ipsos-Reid mené en 2007, une mince majorité (53 %) de Canadiens est d’accord pour dire que « la discrimination envers les minorités visibles est un problème au Canada », tandis que 45 % ne soutiennent pas cet énoncé (figure 21).

Une comparaison des résultats au fil du temps (non présentée) porte à croire que la population perçoit de la discrimination moins couramment. Ipsos-Reid a signalé que la proportion de personnes d’accord pour dire que la discrimination envers les minorités est un problème au Canada se situait à sept personnes sur dix (70 %) en 1993, six sur dix (60 %) en 1998 et à peine plus de la moitié (53 %) en 2007 (figure 21). Les tendances plus récentes laissent entrevoir une augmentation possible de la discrimination perçue, au moins depuis quelques années (voir l’analyse de la figure 22).

Au cours d’une enquête plus récente réalisée par Environics, les Canadiens étaient appelés à se prononcer sur la discrimination perçue envers divers groupes minoritaires. La plupart des Canadiens percevaient à tout le moins une discrimination occasionnelle contre ces groupes, quoiqu’ils précisaient l’ampleur de la discrimination exercée, à leur avis, contre chaque groupe (figure 22). Par exemple, les résultats de cette enquête indiquent que les musulmans et les Autochtones sont les groupes considérés comme étant les plus susceptibles de subir de la discrimination. Un Canadien sur trois croit que chacun de ces deux groupes est « souvent » victime de discrimination. Les juifs, les Chinois, les francophones (hors Québec) et les anglophones (au Québec) sont moins susceptibles d’être perçus comme des cibles de la discrimination, car environ un Canadien sur dix signale que la discrimination est courante à l’égard de ces groupes. La discrimination perçue envers les Pakistanais/Indiens d’Asie et les Noirs est seulement à peine plus faible que celle visant les musulmans et les Autochtones.

Les données d’Environics révèlent de faibles hausses, entre 2006 et 2010, du degré de tolérance perçu envers les Noirs, les musulmans, les Autochtones et les Pakistanais/Indiens d’Asie. Même si l’impression de discrimination généralisée contre les Chinois, les francophones et les anglophones est demeurée faible et stable, le sentiment que la discrimination existe à un certain degré (c’est-à-dire parfois, mais pas souvent) est plus répandu.

Bien que nous ne présentions pas ici de ventilation par groupe d’âge, les jeunes Canadiens (âgés de moins de 30 ans) seraient plus susceptibles de percevoir de la discrimination envers la plupart de ces groupes. Comme il est mentionné précédemment, la tolérance à l’égard de la diversité a aussi augmenté plus manifestement chez les jeunes que chez les personnes plus âgées.

La question de la discrimination contre les groupes religieux est examinée aux figures 23 et 24. Les questions ne portent pas sur la discrimination perçue – mais visent plutôt à saisir directement la discrimination. À la première question, on demande aux personnes sondées d’exprimer une opinion favorable ou défavorable sur six religions différentes, à savoir le christianisme, l’islam, l’hindouisme, le sikhisme, le bouddhisme et le judaïsme (figure 23). Le pourcentage de personnes disant être « très » ou « plutôt » favorables à ces religions varie considérablement selon le groupe concerné : sept personnes sur dix envers le christianisme, cinq sur dix envers le judaïsme et le bouddhisme, quatre sur dix envers l’hindouisme, et trois sur dix envers le sikhisme et l’islam. À la deuxième question (figure 24), on demande s’il serait acceptable ou inacceptable qu’un membre de la famille épouse un adepte de ces mêmes religions. Les résultats indiquent à peu près les mêmes différences, d’une religion à l’autre, qu’à la figure 23. Les mêmes différences générales entre les groupes religieux apparaissent également dans les données d’enquête relatives à l’appui accordé aux écoles confessionnelles (voir la figure 30 dans la prochaine section), et les données précédentes sur la discrimination perçue à l’égard des différents groupes y font aussi écho en partie (certains de ces groupes étant des groupes religieux, voir la figure 22). Ensemble, ces résultats soulignent les difficultés particulières rencontrées par les musulmans, et peut-être aussi les sikhs, au Canada.

Figure 19 : [Le Canada/Ma collectivité/Ma province] est accueillant(e) à l’égard des minorités visibles. (Tout à fait d’accord à pas du tout d’accord, échelle de quatre points)


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000)


(2008, Strategic Counsel pour le Globe & Mail/CTV, taille de l’échantillon : 1 000)

Version texte : Ma province : accueillant(e) à l’égard des minorités visibles?

Figure 20 : Ma ville est très accueillante à l’égard des personnes de différentes cultures et origines. (Tout à fait d’accord à pas du tout d’accord, échelle de quatre points)


(2007, Canada West Foundation, taille de l’échantillon : 500 résidents de chaque
ville suivante – Vancouver, Calgary, Edmonton, Regina, Saskatoon, Winnipeg, Toronto)

Version texte : Ma ville : accueillante à l’égard des différentes cultures et origines?

Figure 21 : La discrimination envers les minorités visibles est un problème au Canada. (Tout à fait d’accord à pas du tout d’accord, échelle de quatre points)


(2007, Ipsos-Reid pour CanWest/Global News, taille de l’échantillon : 1 002)

Version texte : La discrimination envers les minorités visibles

Figure 22 : Veuillez indiquer si, à votre avis, chacun des groupes suivants est souvent, parfois, rarement ou jamais victime de discrimination dans la société canadienne d’aujourd’hui.


(2006, Focus Canada 2006-4 d’Environics, taille de l’échantillon de Canadiens : 2 045; 2010,
Omnibus CBC par Environics, février-mars, taille de l’échantillon : 2 002)


(2006, Focus Canada 2006-4 d’Environics, taille de l’échantillon de Canadiens : 2 045; 2010,
Omnibus CBC par Environics, février-mars, taille de l’échantillon : 2 002)

Version texte : 2010 : Discrimination dans la société canadienne d’aujourd’hui

Figure 23 : Diriez-vous que vous avez une opinion généralement favorable ou défavorable sur chacune des religions suivantes?

La somme des pourcentages ne correspond pas à 100 % parce que les pourcentages sont arrondis.


(2009, Angus-Reid Strategies, taille de l’échantillon : 1 007, en ligne)

Version texte : Opinion favorable ou défavorable sur chacune des religions suivantes

Figure 24 : Serait-il acceptable ou inacceptable pour vous que l’un de vos enfants épouse une personne qui est un adepte de l’une de ces religions?


(2009, Angus-Reid Strategies, taille de l’échantillon : 1 007, en ligne)

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